MétaPhi

(Vingt-trois textes à propos du cycle innovant de l’étrang(èr)eté.)

Dans Les idées persistantes, PhB parcourt deux textes : les Essais de Montaigne et les Épitres à Lucilius de Sénèque. Il trouve son substratum dans les textes qui éprouvent sa propre doctrine.

Dans La raison résonnante, PhB se retire du chantier métaphysique ouvert en 2014 avec D’impatience pour aborder librement des thèmes familiers : réseau et règle vs individualisme et esprit de compétition, relation homme femme, écriture vs arts conceptuels, ou la responsabilité de la conscience envers ses passagers.

Il y retourne pour montrer comment les concepts sont coextensifs à la table d’harmonie qu’est le corps.

Peu de peintres ont écrit sur leur art. Ce texte ne leur est pas consacré, bien au contraire : PhB en a vampirisé une douzaine pour faire travailler sa coque conceptuelle et se maintenir à flot. Les peintres ont raison de se méfier des écrivants : « Ils n’ont pas le don des nuances, mais l’horreur instinctive de tout ce qui les dépasse ou les déroute. » (Georges Rouault)

Le Livre des morts des anciens Égyptiens ou les derniers textes d’Artaud, Hölderlin et Adorno offrent à PhB un substrat pour régénérer des concepts en perdition. Il établit une correspondance entre la traversée de l’Amenti (du Bardo chez les Tibétains) et le cycle de l’étrang(èr)eté propre à la reconfiguration du monde par le moi.

Le matériau poétique est si rare que PhB produit le sien depuis des années. Il s’agit en l’occurrence de matrices carrées qui doivent avoir du sens aussi bien en ligne qu’en colonne, un type d’exercice d’étantité dit en « syntagmes croisés ». La signification des oracles résultants n’étant pas aisée, PhB raconte des histoires pour les interpréter.

Quelles valeurs éthiques sont nécessaires pour que la conscience puisse se développer dans un réseau post-humain ? PhB aborde cette question en notant que l’unité d’un réseau est un réseau qui s’ignore le plus souvent. Sapiens, par exemple, consacre le tiers de son temps à donner du sens aux étants réels et imaginaires qui l’intentent. Son expression égotique incline à repenser des formes de langage en accord avec la pluralité d’un réseau moins hiérarchisé que le sien.

Trois thèmes se superposent dans ce texte : 1. Vivre ensemble, un sentiment d’appartenance qui ne va pas de soi ; 2. L’obligation pour une société de se confronter à ses écueils historiques au regard des règles qu’elle s’est données — Le cas de l’esclavage au XVIIIe siècle, et celui du repli identitaire qui a fait s’effondrer la conscience collective allemande à deux reprises ; et 3. La remise en question des droits naturels comme fondement d’une constitution.

Le feu (de la pensée) est insatiable puisqu’il faut continûment l’alimenter. La curiosité ne donne pas ses sources, ne dit rien des étants captifs à qui nous donnons la parole : « Que l’un vienne à moi — dit PhB, et j’anime sur scène sa déconvenue, ce souci d’exister. »

« Strophographie » est un néologisme signifiant écriture (ou représentation graphique) au moyen de strophes. PhB en écrivant cherche à rebondir sur des mots qui l’apostrophent, et c’est un florilège de strophes qu’il offre au lecteur pollinisateur.

Les concepts subissent des préjudices d’usage et savent nous le rappeler. PhB en expose neuf, pressés d’être recomposés : complexe, s’abstenir, dehors, différence, discours, imagination, approprier, jouer, et silence. Pour ce faire, il s’est alimenté au substrat du Neutre au moyen d’exercices d’étantité.

Par quel subterfuge le jeu du moi et de ses passagers devient-il romanesque sur la scène imaginaire ? Entre autres exercices sur le sujet, PhB met en scène le Dernier Homme, un pseudo-personnage du roman éponyme de Maurice Blanchot.

L’atelier est dédié à sept exercices d’étantité offrant l’aspect d’une fabrique artisanale de poésie. PhB, en traitant aussi bien des inscriptions que des citations, porte son attention sur le substrat des exercices et poursuit sa réflexion sur l’art de la parole.

La métaphorisation de l’étant qui passe ou nous sollicite, son écriture imagée sur la scène imaginaire, fait office d’expédient en ce qui concerne l’actualisation de nos concepts. En réexaminant le cogito de Descartes, PhB redonne sens au saut transcendantal ; en réfutant la métaphore de la puissance du point par rapport au cercle chez Spinoza, il réaffirme la primauté du singulier sur l’universel. C’est aussi dans l’énonciation de la phrase que l’unité conceptuelle est retrouvée, ce qui justifie pleinement l’art de la parole.


Audios de PhB sur Les Bancs (interviews de Florian)

La contrainte en poésie
La perte de l’écrit

C’est le reflux ontologique qui nous fait écrire à contre-courant sur l’étant que nous sommes tout le temps, et qui d’un saut à l’autre, donne à traiter ce que chacun attrape en vol avant de le partager en réseau. PhB parle de « classe d’énonciateurs » et « d’exercice d’étantité » à ce propos. Dans ce texte, il étaye des structures d’être pour interpréter les concepts du rien, de la mort et du sol, puis il décompose le va-et-vient du dialogue pour en proposer un nouveau : la « diécrilection ».

Dans sa réflexion sur le silence, PhB algébrise son discours pour donner à l’étant humain sa double dimension réelle et imaginaire. Cette hybridation qui relève de la poésie, de l’algèbre et de l’ontologie, offre deux résultats parmi d’autres : l’art de la parole est un mode d’improvisation pratiqué par des « énonciateurs silencieux » ; et la paix intérieure n’est probablement qu’un état de latence.

Un « exercice d’étantité » est un effort concret d’entrave dialectique qui transporte l’ego dans une expérience de pensée angoissante, ludique ou profonde, c’est selon. À cette occasion, l’abandon de soi est pour PhB un phénomène salutaire à la recomposition du moi.

PhB reprend un questionnement métaphysique abordé avec Traversière dans les années 80-90. Il traverse l’œuvre de Heidegger traduite en français, Être et temps en particulier, et il s’attache à la proximité de la pensée avec la poésie.